Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

plantes de la tradition à la science

14 novembre 2008

arganier et argan, relation homme-plante et ethymologie

Aujourd'hui, la recherche de nouvelles molécules médicamenteuses d'origine naturelle (végétale en l’occurrence) est basée sur la répartition des plantes médicinales par des études ethnobotaniques qui permettent de réaliser des inventaires de plantes d'une zone ou d'un pays, puis par des études phytochimiques et pharmacologiques. Ainsi, on peut citer le cas de la prostatine extraite d'une Euphorbiacée qui pourrait devenir une molécule importante contre le SIDA ou encore l’artémisine d' Artemisia annua utilisée actuellement contre les formes rebelles du Plasmodium etc. Pour résumer, 35 % de médicaments dans vos pharmacies sont d’origines naturelles. De ce fait la valorisation des ressources naturelles est une préoccupation qui devient de plus en plus importante dans de nombreux pays africains, asiatiques mais aussi européens et américains.

D’abord, je vais aborder une espèce endémique du Maroc, Argania spinosa, de l’arganier reconnue par son fruit riche en huile comestible connue sous le nom d’argan qui n'est pas cité dans le coran évidemment, j'y reviendrai après.

Argania spinosa L.(Skeels) (l'Arganier) est une espèce endémique du Maroc et dont les intérêts d'utilisations médicales et alimentaires n'ont pas été rigoureusement exploités. De plus, c'est face à la dégradation de l'Arganier marocain qui constitue actuellement un véritable désastre, tant du point de vue écologique, que socio-économique que mon choix sur cette espèce s’est orienté.

Selon les données, l'apparition de l'Arganier date de l'ère tertiaire, époque à laquelle, il serait répandu sur une grande partie du Maroc. C'est une espèce xero-thermophile qui appartient à la famille tropicale des Sapotacées, dont elle est la seule représentante septentrionale dans la région méditerranéenne.

Le derivatio nominis du genre Argania serait le village d'Argana, situe au sein de l'arganeraie, au Nord-Est d'Agadir.


C'est un arbre forestier-fruitier-fourrager dont l'espérance de croissance est d'une dizaine de mètres. Le fruit (la noix d'argan) renferme des amandes tries riches en huile. Ses racines vont chercher fort loin dans le sol, la centaine de millimètres d'eau annuelle nécessaire à sa vie. Pour économiser les avaricieuses ressources hydriques, l'Arganier peut sporadiquement se défolier, retrouvant à l'aubaine de nouvelles précipitations, son aspect touffu.

Les Phéniciens commerçaient son huile dans leurs comptoirs établis tout au long de l'Océan Atlantique.

Selon des auteurs, la première mention de l'Arganier remonte au Xe siècle, où Ali ibn rodhwan avait décrit l'usage de ses fruits sans mentionner sa description.

Pour la première fois, la description de l'Arganier sous le nom "arjan" est donné par ibn­ al-baytár dans al-mufradat al-adwiya wa'l aghziya traduit par Leclerc, 1877-1883. Ibn al­baytar consacre trois monographies à cet arbre et à ses parties : l'arbre sous le nom "arjan", son fruit sous la monographie "louz al-birbir" (amande de berbère) et l'huile de fruit qu'il l'appelle "zayt as-soudan" (huile de Soudan).

Al-Hassan bin Mohammad al-Wazán al-Zaghiyati (Jean Léon l'Africain) dans sa "Description de 1'Afrique" parle des arbres épineux qui produisent un fruit appelé argan. Cet arbre n’est en effet pas mentionnée dans les ouvrages arabo-persanes de la médecine traditionnelle.

D'après ibn al-bayttar : "le mot arjan" est un terme berbère et c'est le nom d'un arbre qui se trouve dans le Maghreb extrême, clans la province du Maroc. Il a des aiguillons très piquants, et donne un fruit de la forme d'une petite amande. Par ailleurs, sous la monographie de "zayt as-soudan" il mentionne : qu'il s'agit de "zayt al-harjan" que les berbères du Maroc appellent "arjan" ou "argan", un arbre de haute taille, épineux, donnant un fruit du volume d'une petite amande et contenant un noyau que l'on recueille, que l'on triture et dont on extrait l'huile dans les environs. Elle est douce comme l'huile d'olive.

Déjà ibn al-baytar décrivait le procédé d'obtention de l'huile des amandes du fruit dans les villages dit : de Rigraga.


Etymologiquement parlant, les mots argan et arganier (l'arbre) proviennent du, mot berbère "arjan" qui, dans le langage courant s'est transformé en "argan" ou "argan". Ce terme dérive probablement du "rajnah" qui, en arabe veut dire "rester enfermer dans un lieu déterminé". En effet l'arganier est un arbre endémique an Maroc, donc il est resté enfermer dans une zone bien limitée.

D'autre part, pour designer l'arganier on emploie aussi le mot "argän". Ce mot montre une transformation linguistique du mot "al ; ou encore par l'usage de son huile, comme produit cosmetique, il semble qu'il existe un rapprochement de ce produit au terme "al-argan" qui designe les feuilles du henné (Lawsonia inernis en latin), également très employées en cosmétique traditionnelle pour rendre les cheveux plus beaux, et aussi comme cicatrisant des plaies cutanées. Ici on constate un usage traditionnel commun du henné et de l'huile d'argan, pour rendre la peau plus douce et plus belle, d'où probablement l'usage du mot "argan" pour designer cet arbre.

L'arganeraie est un exemple type d'ethnobotanique reposant sur 3 composants principaux : arbre, homme et chèvre (= "arad", pour le male et "tarat", pour la femelle), il joue un rôle socio-economique très important.

L'arganeraie étant la propriété de la population locale qui conserve aussi le droit de procéder à des cultures intercalaires. A l'époque du gaulage, elle était découpée en enclos provisoires (= "akal"), dans lesquels la population locale travaille uniquement pendant la saison de la récolte.

Toutes les parties de l'arganier sont employées par toute une population, d'une zone désertique et défavorisée qui en tire profit.

Déjà le bois de l'arganier, de couleur rouge est dur est utilisé pour l'obtention d'un
excellent charbon. Les fruits, les feuilles ainsi que le résidu d'extraction de l'huile (le tourteau) ou "zikmum" constituent une source de nourriture et d'engraissement des animaux.

Cet arbre outre son huile, fournit également des produits tannants. En ce qui concerne cette huile, déjà ibn al-baytar mentionnait son utilisation dans la médecine : "l'huile est avantageuse contre la surdité chronique et les maux d'oreille. Pour resserrer le ventre, on en donne a la dose d'une drachme".

Aujourd'hui l'huile est utilisée traditionnellement, en onction sur les cheveux pour les fortifier, et aussi comme produit cosmétique sur la peau, dans le traitement des peaux sèches et ridées. Elle est également employée contre les acnés, les gerçures et les vergetures. Aussi, elle rentre dans les préparations aphrodisiaques, comme dans la préparation de "amlo" ou amlii" qui est un mélange des amandes grillées et moulues et l'huile d'argan. Ou encore pour la préparation de "bsis", un mélange de la farine d'orge, du miel et de l'huile d'argan qui est considéré comme fortifiant chez les habitants de Haha. Enfin, l'huile d'argan est utilisée au même titre qu'une autre huile végétale dans les préparations culinaires, notamment dans la région de Souss d'Essaouira où on prépare avec l'huile, ce qu'on appelle "tagurramt", une huile offrande constituée de pain, de viande boucanée (= "hli"), de miel et de beurre. Aussi elle est utilisée pour la préparation de "al­mandaq", un aliment fortifiant à base de semoule de l'orge et l'huile d'argan destiné aux enfants.

L'arganier constitue la deuxième ressource forestière marocaine, après le chêne vert, sensiblement à égalité avec le thuya. Il couvre une superficie de plus de 828.000 Ha (à peu près de 21 millions d'arbres). L'arganeraie assure la subsistance des ruraux, et donc limite le phénomène de l'exode rural, de plus, il joue un rôle environnemental dans la protection des sols contre l'érosion et dans les régions montagneuses, il facilite la pénétration de l'eau, ce qui entraîne une alimentation accrue de la nappe phréatique. De même l'arganier est considéré dans les régions de l'extrême sud comme la ceinture verte contre la désertification, en effet l'arbre protége par son ombre l'herbe pastorale et les plantes. L'arganier fructifie des l'age de 5 ans. Il fleurit au mois de Mai-Juin, le fruit parait vers la fin du mois suivant ou au début d'août, il continue à croître lentement jusqu'à l'époque des pluies, qui commence a tomber en septembre. A partir de cette époque il augmente de volume et à la fin de mars de l'année suivante, il est prêt pour la cueillette. Après la récolte, les fruits sont exposés au soleil en couches minces afin de sécher la pulpe. La période de récolte a une certain influence sur le rendement en huile car les amandes les plus mures sont aussi les plus riches en huile.

La production fruitière varie selon age de l'arbre, la densité du peuplement, le milieu et la pluviométrie. L'ordre de grandeur est de 8 kg/arbre/an, soit 128000 tonnes/an pour l'arganeraie marocaine avec une densité moyenne de 200 souches/ha.

La production pour 100 kg de fruits mûrs donne 60 kg de fruits secs dont 30 kg de pulpes sèches et 30 kg de noyaux. Ces 30 kg de noyaux donnent environ 27 kg de coques et 3 kg d'amandons. Selon les estimations un hectare d'arganeraie fournit environ 12 Kg d'huile. Les dimensions du fruit varie de 17 à 30 mm de long et de 10 à 17 mm de large. Sa couleur est verdâtre avant maturation, puis elle évolue vers le jaune ou jaune-brun clair suivant les arbres. La couleur sombre se développe après abscission.


L'arganier est une espèce végétale reconnue endémique du Sud atlantique marocain depuis 1877 et sa distribution géographique principale s'étend de l'oued Tensift (au Nord) et 1'Oued Souss (au Sud), soit entre 29° et 32° de latitude Nord, ce qui en fait le représentant le plus septentrional de la famille des Sapotaceae, essentiellement tropicale.

Des colonies isolées d'arganiers se trouvent également au Nord Est du Maroc du cote d'Oujda, dans les monts des Benisnassen, et dans le Sud Ouest d'Algerie.

L'arganier est une essence thermophile, peu exigeante sur le plan pluviométrique depuis le bord de la mer jusqu'A 1500 m environ sur le versant Sud du Haut-Atlas occidental. Cette essence se développe en ambiance bioclimatique aride à semi-aride dans la zone du littoral entre Safi et Agadir.

Cet arbre appartient a l'embranchement des phanerogames (plantes à fleurs, qui se reproduisent par graine), à l'embranchement des gymnospermes, à la classe des dicotyledones, a la sous classe des gametopétales et à l'ordre des ebenales. Cet ordre comporte 4 familles qui sont : les Sapotaceae, Ebenaceae, Styrracaceae et la famille des Symplocaceae.

L'arganier appartient a la famille des Sapotaceae renfermant huit genres : Syderoxylon, Tsebona, Bumelia, Argania, Chrysophyllum, Pouteria, calocapum et Pycnandra, le genre Argania est constitué d'une seule espèce endemique du Maroc, Argania spinosa (syn. Argania syderoxylon L., Sideroxylon spinosum L Elaerandron argan Retz).

Publicité
plantes de la tradition à la science
  • Les plantes mentionnées dans le saint Coran et les plantes médicinales citées par le prophète Mohamed (bssl) seront abordées d'un point de vue ethno et chimiopharmacologiques et peut être un jour, un phytomédicament puissant verra le jour.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité